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Sports


Daniel Smajovits
Daniel Smajovits est un grand amateur de sports (malgré ses capacités athlétiques limitées), un rédacteur indépendant et un professionnel des relations publiques. Il est également coprésident de la branche québécoise de Maccabi Canada.

Durant ma jeunesse, le sport jouait un rôle important dans ma vie. J’avais un potentiel plutôt limité dans ce domaine, comme pourraient en témoigner mes parents, mais l’admiration que je vouais aux sportifs compensait largement les lacunes que je pouvais avoir sur le terrain.

Il m’était impossible de dire qui était mon préféré. J’acclamais tout aussi bien Shawn Green que Jay Fiedler, je retenais mon souffle devant les chorégraphies de Sarah Hughes et j’arborais bien entendu mon chandail Mathieu Schneider avec fierté.

Nous qui admirons les sportifs juifs connaissons tous l’histoire de Sandy Koufax ou de Mark Spitz, ces athlètes qui portaient l’étoile de David aussi fièrement qu’une couronne d’athlète. Au Québec, la présence juive remonte à 1760 : Qui est donc notre Sandy Koufax québécois? En avons-nous seulement un?

La réponse pourrait vous surprendre.

En matière de sport, le YM-YWHA – ou le Y – est, depuis 1910, la pierre d’assise de notre communauté. Au terme d’une décennie d’existence, l’organisme célèbre son premier champion olympique : le boxeur Moe Herscovitch (médaille de bronze aux Jeux olympiques d’été de 1920, catégorie poids moyen). Sept médaillés olympiques juifs et non juifs font ensuite du Y leur second foyer, à l’image des lutteurs Gia Sissaouri (médaille d’argent, Jeux olympiques d’été de 1996), Martine Dugrenier (triple championne du monde et double championne olympique, 2008 et 2012) et David Zilberman (Jeux olympiques de 2008).

Aujourd’hui, le Y continue de jouer un rôle fondamental dans le développement des générations à venir. Centre d’entraînement des athlètes québécois participant aux Maccabiades, il aide les futures vedettes juives du sport à se perfectionner avant d’entrer dans l’arène mondiale.

Bien que le YM-YWHA ait toujours été – et demeure pour toujours – le centre d’accueil de nos athlètes, un homme nommé Louis Rubenstein décide d’en quitter le cadre pour aller jeter les bases de ce qui allait devenir le patinage artistique, et ce, plus d’un siècle avant Kurt Browning ou Elvis Stojko. Sacré champion de Montréal en 1878, il se rend ensuite aux premiers championnats du monde de patinage artistique qui se tiennent à Saint-Pétersbourg. Malgré l’antisémitisme des organisateurs, qui tentent de l’exclure de la compétition, il remporte la médaille d’or. Sa performance en Russie lance sa carrière, au cours de laquelle il est reconnu comme le père du patinage artistique nord-américain.

Un jour, bien avant que Mathieu Schneider et Michael Cammalleri ne revêtent la tenue tricolore, Cecil Hart troque ses patins artistiques contre des patins de hockey et prend place derrière le banc à titre d’entraîneur-chef des Canadiens de Montréal. Sous sa direction, l’équipe remporte deux Coupes Stanley en neuf saisons (en 1929-1930 et en 1930-1931). Son succès sur la glace ne représente toutefois qu’une petite partie de ce que sa famille apporte au sport et à la communauté. Descendant d’Aaron Hart, premier pionnier juif du Canada, Cecil Hart se consacre au hockey, qu’il pratique depuis qu’il a 17 ans, au niveau amateur puis au niveau professionnel. C’est grâce à la présence de son fils Cecil dans la Ligne nationale de hockey (LNH) que son père David fait don à celle-ci du Trophée Hart en 1924, deux ans avant que son fils n’en soit nommé entraîneur-chef. David Hart est alors loin de se douter qu’il serait plus tard remis en mémoire de son fils et deviendrait le plus prestigieux trophée de la discipline, décerné chaque année au meilleur joueur de la LNH.

Dans les années 1930, Cecil Hart est à la direction ce qu’Hyman Buller est à la glace dans les années 1940 et 1950. Cet autre Montréalais joue cinq saisons aux côtés des Red Wings de Detroit et des Rangers de New York. L’esprit sportif et le talent de ce « Blueline Blaster », comme on le surnomme, lui valent l’admiration de ses pairs. Il est toutefois le premier – bien avant Sandy Koufax – à refuser de jouer le jour de Yom Kippour, ce qui en fait un héros aux yeux de la communauté juive de New York.

Un peu plus tard, le nageur olympique, lutteur et culturiste Samson Burke est reconnu comme l’un des premiers athlètes multidisciplinaires de son temps. Nageur de haut niveau, Samson Burke remporte plusieurs titres provinciaux et nationaux avant d’être désigné comme le plus grand athlète polyvalent du Canada. Ses prouesses dans l’eau lui valent d’être sélectionné pour représenter le Canada, en 1948, aux Jeux olympiques d’été de Londres. Et comme si participer aux Jeux olympiques n’était pas suffisant, il remporte, à la fin des années 1950, le titre de champion du monde d’haltérophilie dans la catégorie poids lourds et est nommé meilleur athlète amateur du monde par la International Federation of Bodybuilders lors des championnats du monde de culturisme.

Aujourd’hui, faire des recherches sur les exploits de Hyman Buller ou de Samson Burke est facile. Auparavant, le public compte exclusivement sur les journalistes, qui relatent les compétitions et choisissent leurs mots de façon à faire ressentir au lecteur le frisson de la victoire ou la douleur de la défaite. Grâce à leurs anecdotes légendaires, les journalistes sportifs Sam Maltin et Red Fisher permettent à de nombreuses personnes de pénétrer dans le cœur et l’esprit des athlètes.

Sam Maltin et Red Fisher marquent ainsi l’actualité sportive locale du baseball et du hockey, respectivement. Sam Maltin couvre les Royaux de Montréal et son athlète préféré, Jackie Robinson. Il est présent lorsque Jackie Robinson brise la barrière de la ségrégation raciale dans les ligues professionnelles et suit l’équipe durant toute la saison, jusqu’à ce qu’elle remporte la Junior World Series. À la fin de la partie, des dizaines de milliers d’admirateurs suivent le joueur vedette dans la rue, ce qui fait dire à Sam Maltin que « pour la première fois dans l’Histoire, un Noir tentait d’échapper à une foule blanche qui voulait tout sauf le lyncher ».

Moins de dix ans plus tard, Red Fisher rédige son premier article pour le Montreal Star. C’est ainsi que démarre sa carrière de journaliste sportif au service d’une seule et même équipe. Toujours émaillée de commentaires incisifs et d’anecdotes exclusives, la rubrique qu’il tient pendant plus de 50 ans donne aux lecteurs l’impression d’être dans les vestiaires de la LNH.

Les athlètes n’ont pas tous la même stature, comme peuvent en attester la presse et les passionnés de sport, mais il y en a toujours un plus fort et les frères Joe et Ben Weider sont connus pour l’avoir découvert. Les jeunes Montréalais ont peut-être entendu parler des Weider parce qu’un bâtiment du YM-YWHA Sylvan Adams porte leur nom, mais ils doivent aussi savoir qu’ils sont, à l’échelle internationale, des pionniers de l’haltérophilie. En 1940, ils débutent humblement comme éditeurs d’un magazine de conditionnement physique puis, grâce à leur sens des affaires aiguisé, bâtissent graduellement un empire consacré au culturisme. Le visage de leur marque n’est autre qu’Arnold Schwarwenegger, peu connu à l’époque. Leur impact dans le monde du sport dépasse la communauté juive et leurs actions en faveur des femmes et des athlètes issus des minorités portent leurs fruits : ceux-ci peuvent désormais participer aux compétitions de haut niveau.

Grâce aux frères Weider, venant du milieu de l’haltérophilie, de même qu’à Eddie Creatchman et à Jack Britton, issus de la lutte professionnelle, Montréal se fait un nom. Partenaires de longue date, ces derniers réussissent tous deux à développer le volet commercial de la lutte et à en faire une discipline extrêmement populaire et lucrative.

À l’image des Weider, Eddie Creatchman et Jack Britton développent considérablement le côté commercial de leur sport, et la famille Bronfman, quant à elle, révolutionne le sport montréalais, qui entre alors dans une ère de prospérité sans précédent. En sa qualité de premier actionnaire majoritaire des Expos de Montréal, Charles Bronfman ramène, en 1968, le baseball professionnel au Canada, permettant ainsi à Montréal de renouer avec la discipline. Grâce à l’importance que regagne la ville et à l’enthousiasme que suscite ce renouveau, Montréal est choisie pour organiser les Jeux olympiques d’été de 1976. Cette perspective, couplée à l’engouement des habitants pour le baseball, pousse Peter et Edward Bronfman à acheter les Canadiens de Montréal en 1971. Ils en restent actionnaires majoritaires le temps de quatre Coupes Stanley. Sous la houlette de la famille Bronfman, à la tête de deux franchises sportives professionnelles majeures, Montréal devient le cœur du sport canadien des années 1970.

Il est dans la nature du sport de connaître des hauts et des bas, ce que les Montréalais savent parfaitement. Plus de deux décennies se sont écoulées depuis le dernier défilé de la Coupe Stanley, plus d’une décennie depuis la disparition des Expos de Montréal, et les années précédentes n’ont pratiquement rien offert de très palpitant aux amateurs de sport. Et voici qu’un homme, son diplôme de Herzliah en poche, décide de bousculer les choses. Joueur de soccer professionnel devenu gestionnaire, Adam Braz aide la ville, notamment l’Impact de Montréal, à renouer avec la victoire. Après neuf ans de carrière comme joueur professionnel, il devient gérant de l’équipe en 2011, puis est promu au poste de directeur technique en 2014. Sous sa direction, l’équipe manque tout juste de se qualifier pour son premier championnat de la Major League Soccer. À l’extérieur du terrain, sa simplicité et sa passion pour les matchs lui valent la sympathie des amateurs de sport, notamment lors d’événements comme le Petit-déjeuner annuel des célébrités sportives du Centre Cummings, où la prochaine génération de vedettes du soccer vient rencontrer des légendes locales.

Que l’on s’en souvienne en juin, lors de la remise du trophée Hart, ou en lisant les journalistes d’aujourd’hui, abreuvés des récits de Red Fisher durant leur enfance, les personnalités juives du sport québécois devraient nous rendre fiers. Et comme c’est déjà le cas depuis plus d’un siècle, ce qu’elles nous ont laissé continuera de nous inspirer et de vivre pour les générations à venir.

Cecil Hart (1883 - 1940)
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Ben et Joe Weider
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Eddie Creatchman (1928 - 1994)
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Charles Bronfman (1931)
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Adam Braz (1981)
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Sam Lichtenhein (1870 - 1936)
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Hy Buller (1926 - 1968)
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Louis Rubenstein (1861 - 1931)
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Sam Maltin (1917 - 1957)
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Red Fisher (1926 - 2018)
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Samson Burke (1929)
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