Faisant partie d’une longue lignée d’érudits et de rabbins notoires, Abraham De Sola est surtout connu pour avoir été, de 1846 à 1882, le hazan (guide spirituel) de la plus ancienne synagogue juive montréalaise : la Congrégation Shearith Israel. En 1858, il est devenu le premier rabbin du Canada à se voir décerner un doctorat honorifique en droit.
Sixième enfant de David Aaron De Sola et de Rebecca Meldola, Abraham voit le jour à Londres en 1825. D’origine espagnole et portugaise, les membres de sa famille se sont installés en Angleterre après avoir transité par Amsterdam au début du XIXe siècle. Son grand-père maternel, Raphael Meldola, est Grand Rabbin de la Congrégation des Sephardim de Londres, la synagogue Bevis Marks. Quant à son père, en plus d’être écrivain, il est le hazan de cette même communauté. La femme d’Abraham De Sola, Esther Joseph, est pour sa part la fille d’Henry Joseph, le patriarche de l’une des familles juives les plus célèbres du Canada.
Jeune adulte, Abraham De Sola entreprend des études à la City of London Corporation School avant de poursuivre sa formation sous la direction de son père et de Louis Loewe, un éminent orientaliste. En 1847, il déménage à Montréal après s’être vu offrir le poste de hazan de la Congrégation Shearith Israel. Il sera le rabbin de cette communauté sépharade orthodoxe pour le reste de sa vie. Peu de temps après son arrivée dans la métropole québécoise, Abraham De Sola fonde une école du dimanche. Puis, quelques années plus tard, il ouvre une école privée mixte accueillant des externes et des pensionnaires. Bien qu’il s’inscrive dans la stricte tradition sépharade, le rabbin montréalais entretient des liens étroits avec les communautés juives ashkénazes, appuyant notamment leurs écoles et leurs organisations.
Doté d’une réputation d’érudit et de professeur chevronné, Abraham De Sola est engagé par le McGill College en 1848 pour enseigner la littérature hébraïque et rabbinique. Cinq ans plus tard, il devient professeur de littérature hébraïque et orientale, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort. Il enseignera également l’espagnol et la philologie. D’esprit ouvert et libéral, Abraham De Sola s’intéresse à une foule de domaines d’études. Il se passionne entre autres pour les références botaniques et zoologiques contenues dans la Bible, l’histoire des Juifs influents, les études médicales sur les règles alimentaires rabbiniques et l’histoire des Juifs en Angleterre, en Perse, en Pologne et en France. En 1858, le McGill College lui décerne un doctorat honorifique. C’est la première fois qu’un tel honneur est accordé à un ministre du culte juif, et ce, tant en Angleterre qu’en Amérique du Nord.
Abraham De Sola est non seulement un professeur universitaire émérite, mais également un brillant orateur. Au cours de sa vie active, il présente des conférences devant de nombreuses organisations, incluant l’Association de la bibliothèque de commerce de Montréal, le Club littéraire de Montréal, la Société de numismatique et d’archéologie de Montréal ainsi que la Société d’histoire naturelle de Montréal, dont il assumera la présidence de 1867 à 1868. Plusieurs de ses discours et sermons paraissent dans les périodiques et les journaux juifs de l’époque, notamment dans The Occident (dirigé par Isaac Leeser), premier périodique juif jamais publié aux États-Unis. Au début des années 1870, à l’invitation du président Ulysses S. Grant, Abraham De Sola ouvre une séance du Congrès américain par une prière, devenant ainsi le premier sujet britannique – et le premier Juif – à recevoir un tel honneur.
Reconnu pour ses activités philanthropiques, Abraham De Sola joue un rôle décisif dans la fondation de la Hebrew Philanthropic Society, un organisme chargé d’offrir de l’assistance aux nouveaux arrivants et d’aider les personnes démunies, malades ou dans le besoin. Plus tard, il participe à la mise sur pied de la Young Men’s Hebrew Benevolent Society (1863), de la Ladies’ Hebrew Benevolent Society (1863) et de la Yod Beyod ou Jewish Mutual Aid Society (1872). Parallèlement, étant constamment en contact avec la communauté juive internationale, il travaille sans relâche à la création de fonds de secours destinés aux Juifs de Perse, du Maroc, de Palestine et de Russie.
En 1876, la santé d’Abraham De Sola commence à décliner. Il rend l’âme à New York six ans plus tard lors d’un séjour chez sa sœur. Son corps sera rapatrié à Montréal. Deux de ses fils suivront ses traces : Clarence De Sola deviendra l’un des chefs de file du mouvement sioniste canadien tandis que Meldola De Sola deviendra l’un des plus grands érudits et interprète du judaïsme orthodoxe en Amérique du Nord.
Au Canada comme à l’étranger, Abraham De Sola jouissait d’une excellente réputation à titre de guide spirituel, d’enseignant et d’écrivain. On se souvient de lui comme de l’une des plus importantes voix du judaïsme orthodoxe de son époque.
Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Abraham_de_Sola
http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/abraham-de-sola/
http://imjm.ca/location/1092