Considéré comme le père de la peinture juive moderne à Montréal, Alexandre Bercovitch était l’un des membres fondateurs du Groupe de l’Est.
Alexandre Bercovitch naît en 1891, dans une petite ville portuaire située près d’Odessa en Ukraine. Il est issu d’une famille pauvre, et ce, même selon les normes du shtetl (bourgade juive). Enfant, Alexandre Bercovitch reçoit ses premiers accessoires de peinture d’une communauté de moines ukrainiens qu’il a l’habitude d’observer à travers le portail métallique de leur monastère. À 15 ans, il jouit déjà d’une réputation enviable dans sa région natale, où il conçoit notamment des décors et des costumes de théâtre. Au terme d’une formation de trois ans à l’École des beaux-arts de Bezalel, le jeune homme part poursuivre ses études à Munich et à Saint-Pétersbourg.
Peu de temps après avoir été mobilisé durant la Seconde Guerre mondiale, Alexandre Bercovitch déserte l’armée tsariste et se cache jusqu’à la Révolution de 1917. Il passe les années suivantes au Turmekistan, où il consacre entièrement à la peinture. Lorsqu’il se retrouve aux prises avec les autorités communistes en 1926, il décide de partir s’établir au Canada avec sa famille.
À Montréal, le peintre et son épouse Bryna Avrutick, qui était une ardente révolutionnaire en Russie, conservent leur vision politique radicale. Ils nommeront d’ailleurs deux de leurs enfants Ninel (« Lenin » écrit à l’envers) et Sacvan (en l’honneur de Sacco et Vanzetti, deux anarchistes italiens exécutés par les autorités à la fin des années 1920). Ceux-ci deviendront plus tard de réputés critiques littéraires américains. Sylvia Ary, le premier enfant d’Alexandre Bercovitch, deviendra quant à elle une grande artiste-peintre montréalaise.
Au cours des années 1920 et 1930, la vie dans le quartier immigrant du Plateau-Mont-Royal est difficile pour la famille Bercovitch, alors sans le sou. Peu de temps après son arrivée au Québec, le peintre abandonne sa famille une première fois. Il ne la retrouvera que six mois plus tard. Lorsqu’il quitte les siens pour de bon en 1942, Sacvan doit être placé dans une famille d’accueil.
Alexandre Bercovitch gagne d’abord sa vie en peignant le plafond des églises et des synagogues montréalaises. À l’occasion, il expose des œuvres qu’il a réalisées au Turkménistan de même que des toiles plus récentes aux thèmes typiquement montréalais. Il se joint ensuite au Groupe de l’Est, une bande d’artistes itinérants opposés au nationalisme canadien incarné par le célèbre Groupe des sept et son successeur, le Groupe des peintres canadiens.
Alexandre Bercovitch deviendra le professeur, le mentor, mais également le plus grand critique des deuxième et troisième générations des Peintres juifs de Montréal, dont feront partie Sam Borenstein, Moe Reinblatt et Rita Briansky. S’il est surtout connu pour ses œuvres canadiennes classiques, telles Laurentian Snow Scene (1938) et Gaspé : Cliff and Sea (1940), Alexandre Bercovitch est aussi réputé pour ses tableaux dépeignant les réalités juive et montréalaise. Sa célèbre toile nommée Laurier (1933) a été conçue sur son propre balcon.
Le 7 janvier 1951, alors qu’il attend le tramway à l’angle de l’avenue du Mont-Royal et du boulevard Saint-Laurent, Alexandre Bercovitch s’écroule, victime d’une crise cardiaque. Il devait se rendre à sa première exposition en 10 ans.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://imjm.ca/location/1277
http://mimj.ca/location/1764
http://cybermuse.gallery.ca/cybermuse/enthusiast/thirties/artist_e.jsp?iartistid=438
https://en.wikipedia.org/wiki/Jewish_Painters_of_Montreal