Auteur/autrice : Lucio Chachamovich
Léa Roback
Léa Roback était une célèbre militante, féministe et organisatrice syndicale québécoise.
Léa Roback voit le jour à Montréal le 3 novembre 1903. Deuxième des neuf enfants des immigrants polonais Fanny et Moses Roback, elle grandit à Beauport, dans la région de Québec, où ses parents sont propriétaires d’un magasin général. Parlant le yiddish à la maison, mais le français et l’anglais à l’extérieur, elle passe sans problème d’une langue à l’autre. Cette aptitude lui servira énormément dans son travail auprès des organisations syndicales.
À 14 ans, Léa Roback revient à Montréal avec sa famille. Deux ans plus tard, elle commence à travailler à la manufacture et prend conscience des inégalités qui persistent entre les riches familles anglophones montréalaises et les travailleurs, dont la plupart sont des francophones et des Juifs.
En 1932, de retour à Montréal après des séjours en Allemagne et en URSS, Léa Roback devient directrice du groupe des jeunes de la Young Women’s Hebrew Association. Elle travaille alors sous la gouverne de Saydie Bronfman, la femme de Samuel Bronfman. Trois ans plus tard, Léa Roback ouvre la librarie marxiste Modern Bookshop. Située sur la rue de Bleury et fréquentée par les radicaux locaux, il s’agit de la première librairie du genre au Québec. La même année, elle coordonne la campagne électorale de Fred Rose, qui deviendra huit ans plus tard le premier communiste élu à la Chambre des communes.
Tout au long de sa vie, Léa Roback milite activement pour la justice sociale et la défense des droits de la personne. En 1936, elle se joint à Thérèse Casgrain dans sa lutte pour l’obtention du droit de vote pour les femmes au Québec. Elle devient également organisatrice syndicale pour l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames (UIOVD), une association visant à améliorer les conditions des travailleurs du textile. L’année suivante, Léa Roback se retrouve – en compagnie d’autres organisateurs, dont Rose Pesotta et Bernard Shane – à la tête d’une grève rassemblant plus de 5 000 ouvrières des manufactures de vêtements montréalaises. Au bout de trois semaines, les grévistes obtiennent la reconnaissance de leur syndicat de même qu’une amélioration sensible de leurs conditions de travail. Pendant la guerre, Léa Roback travaille pour la Radio Corporation of America (RCA Victor) et devient organisatrice pour les United Electrical Workers, où elle représente les quelque 3 000 ouvriers de RCA à Montréal. Vers la fin de sa vie, elle abandonne le Parti communiste, mais continue de défendre les causes qui lui tiennent à cœur, dont le droit à l’avortement, l’accès au logement, l’éducation et la lutte contre le racisme, l’apartheid et la guerre du Vietnam. Le travail de Léa Roback aura inspiré de nombreuses organisations montréalaises, notamment l’Aide aux insuffisants visuels du Québec ainsi que divers groupes s’opposant aux armes nucléaires et à la guerre.
En 1991, la vie mouvementée de Léa Roback fait l’objet d’un documentaire de Sophie Bissonnette intitulé Léa Roback : Des Lumières dans la grande Noirceur (Productions Contre-Jour). Ses entrevues avec Madeleine Parent sont quant à elles publiées par Nicole Lacelle en 1988 aux Éditions du remue-ménage.
Non loin de l’ancienne usine de RCA, dans le quartier Saint-Henri à Montréal, une rue porte le nom de Léa Roback.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://www.fondationlearoback.org/bioen.htm
https://www.youtube.com/watch?v=8cSlMHrWPzQ
http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/roback-lea/
Cecil Hart
Descendant direct d’Aaron Hart, premier colon juif au Canada, Cecil Hart est surtout connu pour avoir été entraîneur-chef des Canadiens de Montréal au cours des années 1920 et 1930. Le trophée Hart est un don de son père, le Dr David Hart.
Cecil Hart naît le 28 novembre 1883, à Bedford, une petite ville de la Montérégie. Il devient l’entraîneur du Bleu-Blanc-Rouge pour la première fois lors de la saison 1926-1927. La tâche s’annonce titanesque : l’année précédente, l’équipe a terminé la saison régulière au dernier rang du classement général. Trois ans plus tard, Cecil Hart parvient contre toute attente à mener son équipe jusqu’en finale de championnat. La Sainte-Flanelle remportera finalement la coupe Stanley au terme de la saison 1929-1930, avant de répéter l’exploit l’année suivante. À la surprise générale, Cecil Hart perd son poste d’entraîneur en 1932. Quatre ans plus tard, la direction des Canadiens de Montréal le rappelle et lui confie la reconstruction de l’équipe.
Considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de sa génération, Cecil Hart a accompli de grandes choses à la barre des Glorieux. En effet, sous sa direction, l’équipe est devenue l’une des plus importantes franchises sportives de la planète. En 1992, Cecil Hart a été admis à l’International Jewish Sports Hall of Fame (le Temple de la renommée du sport juif).
Créé en 1923 en l’honneur du célèbre entraîneur montréalais, le trophée Hart est remis annuellement au joueur de la Ligue nationale de hockey (LNH) jugé le plus utile à son équipe. À ce jour, seize joueurs du Tricolore ont remporté cet honneur.
Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Cecil_Hart
http://jewsinsports.org/profile.asp?sport=hockey&ID=3
http://imjm.ca/location/2178
Sigismund Mohr
Sigismund Mohr était un ingénieur talentueux et inventif originaire de la Pologne. Il a notamment contribué à l’électrification de la ville de Québec au tournant du XIXe siècle.
Né en 1827 à Wroclaw en Pologne, Sigismund Mohr s’installe à Québec vers 1871. Cinq ans plus tard, après avoir obtenu le droit exclusif d’implanter le télégraphe dans la capitale québécoise, il fonde la City District Telegraph Company. Parallèlement, il participe à l’implantation du téléphone dans la ville de Québec. Il sera alors poursuivi pour « entrave à la circulation » après avoir posé des poteaux téléphoniques dans la rue Buade. Tandis que l’invention d’Alexander Graham Bell croît en popularité, l’entreprise de M. Mohr obtient les droits d’exploitation du téléphone pour l’ensemble de la province de Québec. Au cours des deux années suivantes, travaillant désormais comme agent pour la compagnie de M. Bell, Sigismund Mohr complète l’installation des infrastructures téléphoniques de Québec.
Au début des années 1880, Sigismund Mohr se tourne vers l’énergie électrique. Le 29 septembre 1885, la Compagnie d’éclairage électrique de Québec et Lévis, dont l’ingénieur est à la tête, parvient à illuminer les lampadaires de la terrasse Dufferin en transportant le « fluide » produit par la chute Montmorency. Comme on le lira le lendemain dans Le Canadien, « au moyen d’une sonnerie électrique [l’]aspect de la terrasse a été transformé comme par une baguette magique ». Après avoir appris que M. Mohr est en mesure de couper et de rétablir le courant électrique à sa guise, les citoyens de Québec s’empressent de réclamer l’électrification de leurs demeures.
Par un soir de tempête en novembre 1893, Sigismund Mohr tombe gravement malade en tentant de réparer une ligne électrique endommagée. Il s’éteint peu de temps après, laissant derrière lui sa femme et leurs six enfants, dont Eugène, qui dirigera plus tard la compagnie responsable de l’installation des infrastructures téléphoniques et électriques de Brooklyn.
Liens :
http://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/patrimoine/epigraphes/epigraphes_fiche_mohr.asp
http://www.waymarking.com/waymarks/WMMN7F_Plaque_bleue_de_Sigismund_Mohr_Qubec_Qc_Canada
http://qahn.org/files/quebecanglophoneheritagenetwork/documents/qhn/QHN%20Sept-Oct%202008_web%20edition.pdf
Leonard Cohen
Leonard Cohen était un célèbre auteur, poète et musicien natif de Montréal.
Leonard Cohen voit le jour à Westmount, le 21 septembre 1934, au sein d’une famille russo-polonaise appartenant à la bourgeoisie juive de Montréal. Son grand-père Lyon Cohen est un riche homme d’affaires. Il a notamment fondé la Freedman Company, une importante entreprise montréalaise spécialisée dans la confection de vêtements pour hommes. Il compte également parmi les principaux leaders de la communauté juive.
Leonard Cohen n’a que neuf ans lorsque son père meurt des suites d’une longue maladie pulmonaire, laissant à sa femme Masha le soin d’élever leur enfant. Tandis que sa mère devient de plus en plus dépendante de l’aide financière de ses oncles, Leonard Cohen fréquente l’école primaire Roslyn avant de faire son entrée à l’école secondaire Westmount en 1948. Parallèlement, il participe au programme parascolaire d’une école hébraïque des environs. À treize ans, il célèbre sa bar mitzvah à la synagogue Shaar Hashomayim, où sa famille a toujours été très engagée. Durant son adolescence, le jeune homme développe un intérêt marqué pour l’écriture, particulièrement pour la poésie. C’est également au cours de cette période qu’il commence à apprendre les rudiments de la guitare.
Pendant ses études à l’Université McGill, Leonard Cohen fait la connaissance du poète et professeur d’anglais Louis Dudek. Avec l’aide de ce dernier, il publie en 1956 son tout premier recueil de poésie, intitulé Let Us Compare Mythologies. Au cours des années 1950, Leonard Cohen fait connaissance avec le poète Irving Layton, qui deviendra aussitôt son mentor. Au terme de ses brillantes études universitaires, celui que l’on surnommera plus tard « le parrain de la tristesse » achète une maison sur l’île grecque d’Hydra, un véritable coin de paradis situé dans la mer Égée. Le Montréalais y écrira plusieurs de ses plus grands textes. En 1963, il rencontre Suzanne Verdal, la femme du sculpteur Armand Vaillancourt. Elle lui inspirera l’une de ses plus illustres chansons. La même année, il publie le roman The Favourite Game, auquel succédera Beautiful Losers trois ans plus tard.
En 1967, Leonard Cohen déménage aux États-Unis et commence à interpréter ses propres chansons devant la scène musicale folk de New York. Son premier album, Songs of Leonard Cohen, qui renferme de véritables trésors musicaux, dont Famous Blue Raincoat et So Long, Marianne, lui vaut non seulement un grand succès populaire, mais également l’estime des musiciens folks les plus en vue de l’époque. Sa carrière d’auteur-compositeur-interprète est lancée.
Leonard Cohen connaît un succès retentissant au cours de la décennie 1970. En 1977, il lance Death of a Ladies’ Man, un album produit par Phil Spector auquel Bob Dylan et Allan Ginsberg ont participé. Paru en 1984, l’album Various Positions marque quant à lui un tournant musical important dans la carrière du géant montréalais. Cette oeuvre contient plusieurs des chansons les plus connues, dont Hallelujah et Dance Me to the End of Love.
Pendant les années 1990, Leonard Cohen se retire pendant cinq ans dans une retraite bouddhiste près de Los Angeles. Il effectuera son grand retour musical en 2001 avec l’album Ten New Songs. Au cours des décennies 2000 et 2010, il produit divers albums, dont le plus récent, You Want It Darker, paraît le 21 octobre 2016.
Leonard Cohen a reçu de nombreux prix et honneurs au cours de sa prolifique carrière. Il a été intronisé au Rock and roll Hall of Fame en 1991 en plus d’avoir été nommé compagnon de l’Ordre du Canada en 2003. Montréalais dans l’âme, M. Cohen a conservé sa résidence de la rue Vallières sur le Plateau Mont-Royal jusqu’à son décès en 2016.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://imjm.ca/location/2374
http://www.leonardcohen.com/home
http://www.newyorker.com/culture/culture-desk/leonard-cohens-montreal
https://www.nfb.ca/film/ladies_and_gentlemen_mr_leonard_cohen/
http://blog.nfb.ca/blog/2012/09/21/4-leonard-cohen-films/
https://www.youtube.com/watch?v=DCbekHrQNYU
https://www.youtube.com/watch?v=nky_3iwJxic
https://www.youtube.com/watch?v=44-xVe_vivs
https://www.youtube.com/watch?v=qgwQPydLSIw
Moshe Safdie
Architecte israélo-canadien, Moshe Safdie a étudié à Montréal et s’y est illustré dès le début de sa carrière en signant le complexe résidentiel Habitat 67. Semblable à un assemblage de blocs Lego, le bâtiment, qui a été construit pour l'Expo 67, est devenu l’emblème de l’habitation urbaine moderne.
Moshe Safdie naît à Haïfa en Israël. Adolescent, il déménage au Canada avec sa famille. Quelques années plus tard, il entreprend des études en architecture à l’Université McGill où, dans le cadre de sa thèse de maîtrise, il donne naissance au concept d’Habitat 67. Après avoir concrétisé son projet, il retourne en Israël pour y travailler à la restauration de la vieille ville de Jérusalem et à la construction de la nouvelle ville de Modi’in.
S’étant acquis au fil des ans une réputation qui dépasse les frontières, il se voit confier la réalisation de bâtiments qui deviendront emblématiques comme, entre autres, le Pavillon Jean-Noël Desmarais du Musée des beaux-arts Montréal, les nouveaux édifices de Yad Vashem (Musée d’Histoire de la Shoah de Jérusalem), l’ArtScience Museum de Singapour et la bibliothèque publique de Salt Lake City aux États-Unis. Sa firme d’architectes, Safdie Architects, possède des bureaux sur différents continents et a pignon sur rue notamment à Somerville au Massachusetts, à Toronto et à Jérusalem.
Doté de multiples talents, Moshe Safdie enseigne aux universités McGill, Yale et Ben Gourion. Il dirige également le programme d’urbanisme de l’Université Harvard, où il occupe également la chaire Ian Woodner d’architecture et d’urbanisme. Il publiera en outre plusieurs ouvrages sur sa vision de l’architecture et ses réalisations, dont Beyond Habitat en 1970, Jerusalem: The Future of the Past en 1989 et The City After the Automobile en 1997.
En 2004, le réalisateur montréalais Donald Winkler consacre à l’architecte le documentaire intitulé Moshe Safdie: The Power of Architecture, qui souligne ses réussites visionnaires. Plusieurs prix et honneurs lui sont décernés, dont l’Ordre du Canada et la médaille d’or de l’Institut royal d’architecture du Canada.
En 2009, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec Christine St-Pierre annonce qu’Habitat 67 sera désormais classé monument historique par le gouvernement du Québec. Il devient ainsi le premier édifice moderne à obtenir cette reconnaissance du gouvernement.
Remerciement spécial au Musée du Montréal juif.
Sources :
www.imjm.ca/location/2317
https://vimeo.com/164327577
https://www.ted.com/talks/moshe_safdie_on_building_uniqueness?language=en
https://www.ted.com/talks/moshe_safdie_how_to_reinvent_the_apartment_building?language=en
https://www.youtube.com/watch?v=2zB8XPwbXSY
http://www.cnn.com/videos/style/2016/06/07/spc-the-invitation-moshe-safdie-architecture-singapore.cnn
Bagel
À l’instar du smoked meat, le bagel montréalais compte parmi les spécialités culinaires emblématiques du Montréal juif. Traditionnellement roulé à la main, bouilli, cuit au four et saupoudré de graines de sésame ou de pavot, il se distingue de son équivalent new-yorkais par sa taille (il est plus petit) et son goût (il est plus sucré).
S’il est généralement admis que ce sont des immigrants juifs d’Europe de l’Est qui ont importé le « beygel » en Amérique du Nord, l’identité de celui qui l’a introduit à Montréal fait encore aujourd’hui l’objet d’une vive controverse.
Personne ne peut affirmer avec certitude qui fut le premier boulanger à confectionner le bagel montréalais. Selon certains, ce fut Chaim (Hyman) Seligman. Né en Russie en 1878, sous le régime des tsars, M. Seligman émigre au Canada au début des années 1900 et s’installe tout près du boulevard Saint-Laurent. C’est possiblement dans ce secteur de la ville qu’il établit alors sa modeste boutique. S’inspirant de sa Russie natale, le boulanger enfile des douzaines de bagels sur des ficelles et les livre à l’aide d’une charrette tirée par un cheval. Par ailleurs, aucun registre ne confirme l’existence de la boulangerie de M. Seligman. Tout ce qui a pu être retrouvé dans les annales porte à croire qu’Hyman Seligman travaillait pour une boulangerie dans les années 1940 et 1950 et qu’à la fin des années 1930, il était livreur pour la boulangerie d’Isadore Shlafman et de Jacob Drapkin.
À l’instar de M. Seligman, MM. Shlafman et Drapkin ont la réputation d’avoir été les premiers à offrir des bagels aux Montréalais. Ayant pignon sur rue au 3835 du boulevard Saint-Laurent, leur boulangerie a vu le jour en 1919, bien qu’elle n’ait été inscrite dans les bottins qu’à compter de 1932. Les bagels y étaient roulés à la main et cuits au four à bois. En 1949, Isadore Shlafman quitte le boulevard Saint-Laurent pour s’installer sur la rue Fairmount, avec son fils Jack, dans un local qui deviendra Fairmount Bagel et restera ouvert jusqu’en 1959. Quant à M. Drapkin, il continuera d’exploiter sa boulangerie, Montreal Bagel Bakery, sur le boulevard Saint-Laurent jusqu’en 1956.
En 1953, un nouveau joueur se présente. Il s’agit du survivant de l’Holocauste Myer Lewkowicz, qui est alors initié à la confection des bagels par Hyman Seligman. Quatre ans plus tard, c’est au tour de M. Lewkowicz d’ouvrir sa boulangerie. À la suite d’une association avec Jack Shlafman, il nomme sa boulangerie Fairmount Bagel, bien qu’elle soit située sur la rue Saint-Viateur, à l’emplacement actuel de St-Viateur Bagel. Comme au début des années 1960, la rentabilité n’est pas au rendez-vous, les deux partenaires se séparent. M. Lewkowicz demeure alors l’unique propriétaire de la boulangerie, qu’il vendra une trentaine d’années plus tard à l’un de ses apprentis, Joe Morena. Malgré ses origines italiennes, M. Morena possède une bonne connaissance du yiddish, ce qui lui vaut le surnom de Yosef. Aujourd’hui, la boulangerie Original Fairmount Bagel Bakery qui, en 1979, est revenue dans ses locaux d’origine sur la rue Fairmount, appartient aux petits-enfants de Jack Shlafman.
Jouissant toutes deux d’une solide réputation qui dépasse nos frontières, les boulangeries St-Viateur Bagel et Fairmount Bagel attirent chez elles de nombreux clients d’envergure. Il suffit de penser au Prince Charles qui eut le plaisir de savourer les bagels de St-Viateur Bagel, comme nous le raconte M. Morena. Un samedi soir très occupé, M. Morena reçoit une commande de vingt douzaines de bagels pour Sa Majesté. Croyant à un canular, il n’a d’autre choix que de se rendre à l’évidence lorsqu’une flotte de limousines et un officier de la marine britannique se présentent chez lui. Nerveux, il ordonne à l’officier de se mettre en ligne comme tout le monde. C’est ainsi que le Prince Charles a finalement pu apprécier le caractère unique des bagels montréalais. La boulangerie Fairmount Bagel, quant à elle, n’est pas en reste puisqu’en 2008, l’astronaute d’origine montréalaise Greg Chamitoff, un membre éminent de la famille Shlafman, emporte avec lui sa provision de bagels de la rue Fairmount à bord de la navette spatiale Discovery.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://imjm.ca/location/1054
http://stviateurbagel.com/
http://news.bbc.co.uk/2/hi/programmes/world_news_america/8681796.stm
http://www.dacodoc.net/video.php?video=bagels
http://www.seligman.org.il/seligman_bagel.html
http://www.forward.com/articles/14502/#ixzz15gkJZ2j2
Saul Bellow
Saul Bellow était un romancier canado-américain primé. Il a notamment remporté le prix Nobel de littérature en 1976.
Saul Bellow (né Solomon Bellows) voit le jour à Lachine le 10 juin 1915. Originaires de la Lituanie, ses parents ont quitté Saint-Pétersbourg en Russie deux ans plus tôt afin d’immigrer au Canada. En 1924, la famille Bellow émigre de nouveau et s’installe dans un quartier polonais du West Side de Chicago. Celui-ci deviendra bientôt l’une des principales sources d’inspiration du jeune homme. À l’aube de l’âge adulte, alors que sa mère désire le voir devenir rabbin ou pianiste de concert, Saul Bellow choisit d’épouser une carrière d’écrivain.
Élève brillant, Saul Bellow poursuit des études universitaires en sociologie et en anthropologie avant de servir dans la marine marchande pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est durant cette époque qu’il écrit son premier roman. En 1948, une bourse Guggenheim lui permet de passer deux ans à Paris, où il se consacre entièrement à l’écriture.
De retour aux États-Unis, Saul Bellow entreprend une carrière de professeur. Au fil des ans, il occupera des postes variés au sein de divers établissements d’enseignement supérieur, dont l’Université Yale, l’Université du Minnesota, l’Université de New York, l’Université Princeton, l’Université de Porto Rico, l’Université de Chicago, le Bard College et l’Université de Boston.
Au cours de sa carrière littéraire, Saul Bellow remporte de nombreux prix prestigieux, dont le prix Pulitzer en 1975, le prix Nobel de littérature en 1976 et la Médaille nationale des arts en 1988. Il demeure à ce jour le seul auteur à s’être vu décerner à trois reprises le National Book Award. En 1990, la National Book Foundation lui remet une médaille soulignant sa contribution exceptionnelle au rayonnement de la littérature américaine.
Saul Below s’est marié cinq fois. Seul son plus récent mariage ne s’est pas soldé par un divorce. Il a eu son quatrième enfant à l’âge de 84 ans.
Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Saul_Bellow
https://www.theguardian.com/books/2015/apr/17/the-five-essential-saul-bellow-novels
http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/1976/bellow-bio.html
http://www.newyorker.com/magazine/2015/05/11/young-saulhttp://www.biography.com/people/saul-bellow-9206329
https://www.theguardian.com/books/2015/apr/17/i-got-a-scheme-the-moment-saul-bellow-found-his-voice
http://www.vanityfair.com/culture/2015/04/saul-bellow-biography-zachary-leader-martin-amis
Jules Helbronner
Juif alsacien ayant immigré au Canada en 1874, Jules Helbronner a été un personnage important au sein de la communauté francophone du Québec, particulièrement dans les milieux journalistique et ouvrier. Il a entre autres été rédacteur en chef du journal La Presse.
Jules Helbronner entreprend sa carrière de journaliste au Journal d’Arthabaska. En 1882, il passe à l’hebdomadaire Le Moniteur du commerce, dont il deviendra le rédacteur en chef deux ans plus tard. Plus tard, il commence à écrire sporadiquement pour La Presse sous le pseudonyme de Jean-Baptiste Gagnepetit. Il manifeste également de plus en plus d’intérêt pour le monde ouvrier. Grâce aux efforts qu’il déploie pour dénoncer le principe de « la corvée », une mesure fiscale régressive imposée aux locataires montréalais, celle-ci est abolie en 1886.
Dans un contexte marqué par l’industrialisation croissante, M. Helbronner défend les organisations syndicales en faisant la promotion de l’action politique et de la justice sociale. En 1885, il adhère au syndicat ouvrier Les Chevaliers du travail et devient un administrateur du Conseil central des métiers et du travail de Montréal. Parmi ses nombreuses activités, il faut mentionner sa participation à la Chambre de commerce française de Montréal (1887-1905), à l’Union nationale française (1901-1909) et à la Commission royale sur les relations entre le capital et le travail. En 1906, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur.
De 1892 à 1908, M. Helbronner est le rédacteur en chef de La Presse, quotidien centré sur les affaires municipales et le monde ouvrier. Dans l’exercice de cette fonction, il jouit d’une influence significative. En 1908, il quitte La Presse pour joindre l’équipe du journal La Patrie.
Bénéficiant d’une notoriété certaine, Jules Helbronner joue un rôle de premier plan lors de la montée de l’antisémitisme, alors que peu de Juifs s’y opposent ouvertement. Bien qu’il soit surtout associé à la communauté francophone de Montréal, l’homme de lettres demeure fier de son héritage culturel juif. Il n’aura de cesse de dénoncer les différentes manifestations de l’antisémitisme dans le monde, notamment l’affaire Dreyfus durant les années 1890.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Source :
http://mimj.ca/location/1068
http://www.cjhn.ca/permalinkFR/191
http://www.lapresse.ca/
Emile Berliner
Emile Berliner était un inventeur et un homme d’affaires d’origine allemande. Il est surtout connu pour son invention du gramophone et du microphone à bouton de carbone. Son entreprise, la Berliner Gram-O-Phone Company, a été la précurseure de nombreuses maisons de disques modernes, dont Universal Music Group, EMI et Sony Music Group.
Emile Berliner naît le 20 mai 1851, à Hanovre en Allemagne. Fils d’un éminent talmudiste, il intègre le marché du travail dès l’obtention de son certificat d’études publiques afin de contribuer aux dépenses familiales. En 1870, il décroche un poste de commis dans un atelier de tissage nommé Behrend. Cet emploi l’oblige bientôt à immigrer aux États-Unis. Alors qu’il travaille toujours chez Bherend, Emile Berliner assiste à la première démonstration publique du téléphone d’Alexander Graham Bell. L’événement se déroule à Philadelphie à l’occasion de l’Exposition universelle de 1876. Persuadé qu’il est en mesure de régler les problèmes qu’il a pu observer, Emile Berliner entreprend d’étudier attentivement le fonctionnement du téléphone. En 1978, après avoir transformé son appartement en véritable laboratoire, il met au point un appareil révolutionnaire : le microphone. Thomas Watson de l’American Bell Telephone Company lui offre aussitôt un poste d’assistant de recherche, qui deviendra peu de temps après un emploi d’ingénieur bien rémunéré.
Emile Berliner travaille pour l’American Bell Telephone Company jusqu’en 1883. Il déménage ensuite à Washington afin d’y attaquer un nouveau projet personnel. En 1887, année marquant les débuts de l’industrie du disque, l’inventeur apporte la touche finale à ce qui s’avérera sa plus grande invention : le gramophone. Quelques années plus tard, le Bureau impérial des brevets statue que l’invention du Germano-américain surpasse de loin le phonographe cylindrique de Thomas Edison. Au terme d’une longue bataille juridique concernant l’exclusivité des droits de vente de son gramophone, Emile Berliner met fin à la vente de ses produits aux États-Unis et décide de partir s’installer à Montréal.
En 1908, il fonde la Berliner Gram-O-Phone Company dans le quartier Saint-Henri. Le succès retentissant de l’entreprise inspirera la création de plusieurs maisons de disques de renom, dont RCA Victor, Deutsche Grammophon, Universal Music Group, EMI et Sony Music Group. Emile Berliner dirige la société qu’il a fondée jusqu’à ce qu’il la cède à Victor Talking Machine en 1924. Durant les années 1920 et 1930, ses fils Herbert et Edgar travaillent dans l’industrie du disque montréalais, dont le marché francophone est en pleine explosion. Véritable pionnière de la musique populaire au Québec, La Bolduc enregistre son premier disque en 1929 dans les locaux d’une entreprise pilotée par Herbert Beliner.
Tout au long de sa vie, Emile Berliner fait preuve d’un grand engagement à l’égard des causes sociales et des communautés d’affaires. En plus d’être un ardent défenseur de l’égalité des sexes, il s’intéresse grandement aux questions de santé publique, en particulier celles qui ont trait aux enfants. Il milite aussi en faveur de la pasteurisation du lait. Par ailleurs, l’inventeur du gramophone s’avère un excellent compositeur. Manifestant également un vif intérêt pour l’aéronautique, il ira même jusqu’à concevoir un prototype d’hélicoptère.
Bien qu’il n’ait jamais véritablement vécu à Montréal de façon permanente, Emile Berliner visitera régulièrement la métropole québécoise dans le cadre de ses fonctions.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://imjm.ca/location/1564
http://mimj.ca/location/1749
http://moeb.ca/en/emile-berliner
http://studiovictor.ca/en/hystory/
http://www.ameriquefrancaise.org/en/article-298/first_recordings_of_popular_songs_in_french_canada.html
https://memory.loc.gov/ammem/berlhtml/berlemil.html
Smoked meat
Pour plusieurs, le smoked meat (de la poitrine de bœuf relevée d’épices et fumée selon des méthodes d’Europe de l’Est) est aussi emblématique pour la métropole québécoise que le sont les bagels et la poutine. De nombreux delicatessens ont prétendu avoir été les premiers à offrir le sandwich à la viande fumée aux Montréalais. C’est d’ailleurs cette question de paternité qui a longtemps fait l’objet d’un véritable débat sur la Main, le surnom du boulevard Saint-Laurent.
Le restaurant Bens, qui a ouvert en 1911, a déjà revendiqué le titre de premier établissement à avoir inclus le sandwich à la viande fumée à son menu. Ben et Fanny Kravitz, un couple qui offrait un service de traiteur aux ouvriers de l’industrie du vêtement dans leur fruiterie située à l’angle du boulevard Saint-Laurent et de la rue Duluth, ont inclus un jour à leur menu des sandwichs à la viande fumée à la lituanienne. En 1925, le commerce qui avait été renommé B. Kravitz Delicatessen était aussi connu sous le nom de Bens de Luxe Delicatessen Sandwich Shop. L’établissement est par la suite déménagé sur la rue Burnside (aujourd’hui la rue de Maisonneuve), où il est demeuré jusqu’à sa fermeture en raison d’un conflit de travail en 2006.
Bien que le couple Kravitz se soit vanté d’être le pionnier de la viande fumée à Montréal, l’annuaire de Lovell et des publicités dans les journaux d’époque révèlent que le British-American Delicatessen Store de Hyman Rees, situé sur le boulevard Saint-Laurent près de la rue Ontario, offrait des sandwichs à la viande fumée dès 1908, c’est-à-dire quelques années avant l’ouverture de la fruiterie des Kravitz. Si M. Rees a été le premier restaurateur à offrir ce fameux plat, il faut rappeler que de nombreux bouchers préparaient de la viande fumée dès les années 1890. Aaron Sanft, un boucher ayant pignon sur la rue Craig (aujourd’hui la rue Saint-Antoine), a possiblement été le premier d’entre eux. Il a d’ailleurs fait la promotion de la viande fumée à la roumaine de l’American Sausage Factory dans un calendrier juif datant de 1894.
Un autre concurrent dans la course à la meilleure viande fumée à Montréal était le Montreal Hebrew Delicatessen, ou Charcuterie hébraïque de Montréal, mieux connu sous le nom de Schwartz’s. Fondé en 1927 sur le boulevard Saint-Laurent près de la rue Napoléon, le restaurant utilisait des techniques de fumage roumaines. Son premier propriétaire, Reuben Schwartz, a été forcé de vendre son entreprise en 1932 en raison de ses dépenses liées aux jeux de hasard. Le propriétaire suivant, le musicien Maurice Zbriger, a hésité à voir son nom associé à celui d’un restaurant « plus qu’ordinaire » et a par conséquent embauché M. Schwartz comme gérant.
Après la fermeture de Bens, nombreux sont ceux qui ont déclaré que Schwartz’s était le roi des delicatessens à Montréal. Cet avis n’était nullement partagé par ses concurrents, à savoir le Main Deli, Lester’s, Dunn’s et le Snowdon Deli. L’histoire de Schwartz’s a été racontée dans les films Chez Schwartz’s de Garry Beitel et Schwartz’s: The Musical de George Bowser et Rick Blue.
D’après Eiran Harris, archiviste émérite de la Bibliothèque publique juive de Montréal, dès que le sandwich à la viande fumée a acquis une réputation internationale, les delicatessens juifs se sont multipliés : ils sont passés de quatre au tournant du siècle dernier à quarante-cinq en 1932. Plusieurs delicatessens moins connus préparaient leur propre viande fumée : c’était le cas de Etinson’s, Rogatco’s, Chenoy’s, Hebrew National, Putter’s, Shagass’s, Levitt’s et la Montreal’s Palestine Salami Factory. De nos jours, il reste peu de delicatessen de style juif à Montréal. Par ailleurs, aucun de ceux qui existent toujours n‘est sous supervision rabbinique. La viande fumée demeure toutefois un mets typiquement montréalais, qui a un incontestable pouvoir d’attraction sur les touristes.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://encyclopediecanadienne.ca/fr/article/zbriger-maurice/
http://www.theglobeandmail.com/arts/theatre-and-performance/schwartzs-the-musical-do-you-want-it-on-rye-or-with-the-singing-pickle/article574477/
http://www.mtlblog.com/2016/05/the-real-story-behind-schwartzs-deli/#
http://imjm.ca/location/2363
https://soundcloud.com/iciradiocanadapremiere/la-viande-fumee-daaron-sanft-cest-pas-trop-tot
http://www.erudit.org/revue/cuizine/2009/v1/n2/037859ar.html