S’il y a un endroit en particulier qui est associé à l’histoire juive de Montréal, c’est bien le boulevard Saint-Laurent.
Artère emblématique de la métropole depuis le début du XVIIIe siècle, la Main représente depuis plus de cent ans l’élan des populations immigrantes et en particulier la vitalité de la communauté juive.
Les premières personnes d’origine juive arrivent sans doute sur les lieux assez tôt, mais dès les années 1900, une grande concentration de synagogues, d’institutions communautaires et de restaurants cachers se fait sentir sur la Main, à laquelle s’ajoute une variété de théâtres et de cinémas yiddish. C’est là aussi que l’on trouve entre les deux guerres la plupart des usines où travaillent les ouvriers juifs de l’industrie textile, sans oublier les presses du Keneder Adler(L’Aigle canadien), le quotidien yiddish de Montréal. Pendant presque un demi-siècle, cette langue est d’ailleurs la plus parlée sur le boulevard Saint-Laurent et la troisième en importance dans la ville après le français et l’anglais.
Plusieurs personnalités juives célèbres grandissent ou résident dans le secteur au cours de leur carrière, dont l’écrivain Mordecai Richler, le chansonnier Leonard Cohen et la syndicaliste Léa Roback. Au fil du temps, les populations juives de Montréal se sont déplacées beaucoup plus à l’ouest dans la ville.
Aujourd’hui, il reste peu de traces sur la Main de leur présence historique. N’empêche que dans l’esprit du grand public, le boulevard Saint-Laurent conserve toujours une couleur juive prononcée, ne serait-ce que parce qu’on y trouve encore les bagels et le smoked meat les plus réputés en ville.