Première assemblée démocratiquement élue pour représenter la communauté juive du Canada, le Congrès juif canadien (CJC) a été créé à Montréal en 1919.
Pendant les premières années de la Confédération, le contexte de la nation canadienne ne facilite pas la tâche aux organisations nationales. Pendant des années, le seul organisme national est la Fédération des sionistes canadiens, dont les dirigeants sont nommés selon la tradition d’Europe centrale. Mais la Première Guerre mondiale, la dévastation de l’Europe, l’immense problème des réfugiés et l’afflux de Juifs d’Europe de l’Est au Canada entraînent la création d’un nouvel organisme national. Pour offrir une voix à la population croissante de nouveaux arrivants, le Congrès juif canadien, qui est composé de représentants élus, se donne pour mission de défendre les intérêts de la communauté juive canadienne dans ses questions politiques, nationales et internationales. Puisque plusieurs de ses fondateurs font partie du Po’alei Zion (Travailleurs de Sion), une organisation gauchiste, le CJC essaie de répondre aux besoins des différentes franges de la communauté. Son premier secrétaire général est Hannaniah Meir Caiserman, un tailleur et organisateur syndical né en Roumanie. Il occupera ce poste jusqu’à son décès en 1950.
Saul Hayes est sans contredit l’un des directeurs généraux à siéger le plus longtemps au CJC, soit de 1940 à 1959. Il transforme le CJC, organisation-cadre, en un groupe de pression formateur. Travaillant de concert avec le président du Congrès, Samuel Bronfman, Saul Hayes a des relations politiques et des talents d’orateur qui le rendent inestimable au sein du Comité pour les réfugiés du CJC dans les années 1930. La situation tragique que connaissent les Juifs sous le régime nazi le conduit vers une où il luttera sans relâche au nom de la communauté juive. Saul Hayes est actif dans les pressions exercées pendant son mandat pour défier les politiques restrictives en matière d’immigration en temps de guerre. Une de la Direction générale de l’immigration du ministère fédéral des Mines délégation lance un appel à F. C. Blair, directeur aussi obscur que puissant et des Ressources, pour renoncer aux politiques visant à empêcher les réfugiés juifs allemands d’immigrer au Canada. Avec l’aide des dirigeants de la communauté, notamment Hirsch Wolofsky, fondateur et rédacteur en chef du Keneder Adler (quotidien montréalais en langue yiddish), Peter Bercovitch, président honoraire de la Fédération des Juifs polonais et membre du parlement et Michael Garber, dirigeant au CJC, la délégation réussit à faire entrer 130 Juifs au Canada. Malheureusement, les efforts de Saul Hayes et de ses collègues ne permettent pas de faire changer davantage la politique fédérale : le Canada accepte moins de 5 000 réfugiés juifs de 1933 à 1948, soit l’un des taux les plus faibles de tous les pays occidentaux.
Aussi connu sous le pseudonyme de « M. Congrès juif canadien », Saul Hayes est un important ambassadeur des Juifs canadiens à Ottawa. Sous son leadership et celui de M. Bronfman, le CJC devient le parlement incontesté des Juifs canadiens, car il tente de persuader le gouvernement d’autoriser une meilleure intégration des réfugiés juifs. Saul Hayes contribue aux actions du Congrès visant à enrayer la diffamation, en particulier dans le cas du parti politique Social Credit. Les dirigeants de cette formation diffusent notamment l’ouvrage de propagande antisémite intitulé Protocoles des Sages de Sion. De plus, ils font bon nombre d’allusions au discours nazi dans leurs campagnes politiques pendant les années 1940.
Monsieur Hayes représente les Juifs Canadiens dans le cadre de nombreuses rencontres, dont celles du Congrès juif mondial, de la San Francisco Conference on International Security de 1945, de la Paris Conference on Peace Treaties de 1946 et de la United Nations Relief and Rehabilitation Agency. Au cours de ces événements, il défend les victimes de la guerre en Europe. Dans ce contexte, il devient, depuis la conférence de Versailles en 1919, le premier délégué à représenter la communauté juive mondiale devant une organisation internationale. Le Saul Hayes Human Rights Award (prix Saul Hayes pour les droits de l’homme), fondé par le CJC, reconnaît les contributions significatives dans ce domaine.
Parmi les autres membres importants du CJC, mentionnons les présidents Samuel Bronfman, qui compte les plus longs états de service, soit de 1939 à 1962; Lyon Cohen; Samuel William Jacobs; Monroe Abbey; Irwin Cotler; Dorothy Reitman; Irving Abella; Reuven Bulka et Sylvain Abitbol.
Le CJC demeurera l’organisation nationale des Juifs canadiens pendant de nombreuses années – exerçant des pressions et défendant leurs droits. Par exemple, il lance des campagnes pour permettre l’immigration de Juifs en provenance de l’Union soviétique. En 2007, il devient un organe du Conseil canadien pour les relations juives et israéliennes avant d’être officiellement dissous en 2011.
Sources :
http://mimj.ca/location/2339
http://www.cjhn.ca/en/permalink/cjhn189
http://archives.concordia.ca/hayes