Véritable pionnier du judaïsme réformé au Canada, le Rabbin Harry Stern était à la fois un fervent sioniste, un protecteur des droits des travailleurs, un intellectuel accompli et un grand promoteur des relations interreligieuses.
Le Rabbin Harry Stern voit le jour en Lituanie, le 24 avril 1897. Dans la foulée des pogroms de 1905, sa famille fuit l’Europe de l’Est et immigre aux États-Unis, élisant domicile en Ohio. En 1927, il déménage dans la métropole québécoise afin de travailler au Temple Emanu-El, la première synagogue réformiste jamais construite à Montréal.
Au moment où le Rabbin Stern arrive dans la grande ville, un important conflit de travail éclate entre les travailleurs de l’industrie du vêtement et leurs employeurs, dont plusieurs font partie de sa propre congrégation. Rappelons qu’à la fin des années 1920, les Juifs représentent plus de 32 pour cent de la main d’œuvre. Prenant part aux négociations entre les deux parties, Harry Stern se porte d’emblée à la défense des travailleurs, n’hésitant pas à réprimander les riches industriels quant à la façon dont ils traitent leurs coreligionnaires du downtown, allant même jusqu’à les qualifier d’antisémites juifs.
Tout au long de sa vie, le Rabbin Harry Stern s’emploie à favoriser de saines relations entre les Juifs et les chrétiens. En 1942, tissant des liens avec les Églises catholique et protestante, il fonde l’Institut pour le clergé et les éducateurs religieux, un endroit où les membres de chaque groupe religieux peuvent échanger librement sur leurs traditions respectives. Au cours des années 1950 et 1960, période durant laquelle de nombreux Juifs contestent la légitimité du réformisme, Harry Stern tient des Fellowship Dinners, où fraternisent clercs et laïcs de diverses confessions. Plusieurs grandes personnalités juives et non-juives participent à ces événements, notamment le maire Jean Drapeau, le cardinal Paul Émile Léger et même Martin Luther King fils. En 1967, on crée le prix Harry J. Stern en l’honneur du célèbre guide spirituel montréalais, un honneur réservé aux individus favorisant une meilleure compréhension mutuelle entre les croyants de divers groupes culturels et religieux.
En plus de construire des ponts entre les communautés religieuses, le Rabbin Stern mène une lutte de tous les instants contre l’antisémitisme au sein du clergé catholique et de la population québécoise. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il n’hésite pas à dénoncer publiquement l’idéologie nazie ainsi que les atrocités commises à l’égard des Juifs européens. En 1944, favorable à la création d’un État juif durable, il participe à la création du Conseil chrétien pour la Palestine, un organisme visant à sensibiliser le clergé chrétien à la cause sioniste.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Liens :
http://www.imjm.ca/location/2431
http://www.cjhn.ca/en/permalink/cjhn253
http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0019_0_19159.html
https://www.templemontreal.ca