Henry Morgentaler était un médecin montréalais d’origine polonaise. En 2008, il a été investi de l’Ordre du Canada en reconnaissance de sa lutte pour le droit des femmes à l’avortement.
Fils de deux militants socialistes juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale, Henry Morgentaler compte parmi les rares survivants du ghetto de Lodz et du camp de concentration de Dachau. Son enfance est marquée par la guerre et la disparition de tous les membres de sa famille, à l’exception de son frère. À 17 ans, il déménage à Montréal en compagnie de sa femme, l’écrivaine Chava Rosenfarb. Trois ans plus tard, il devient titulaire d’un doctorat en médecine de l’Université de Montréal.
En 1967, Henry Morgentaler présente un mémoire devant un comité de la Chambre des Communes sur la santé et le bien-être. Il y soutient que toutes les femmes devraient avoir le droit de mettre fin à leur grossesse de façon sécuritaire. À l’époque, le recours à l’avortement est passible d’une peine d’emprisonnement, en plus d’être risqué pour la santé. En 1969, après avoir été témoin de l’horreur entourant les avortements illégaux, Henry Morgentaler délaisse la médecine familiale pour fonder, à Montréal, la première clinique à offrir des services d’avortement sécuritaire au Canada. La même année, l’avortement devient légal sous certaines conditions hautement restrictives.
Toutefois, les avortements pratiqués par le docteur Morgentaler sont toujours jugés illégaux, notamment parce qu’ils n’ont pas lieu au sein d’un hôpital. Résultat : la clinique fait l’objet de multiples perquisitions et le médecin est arrêté pour la première fois en 1970. Il déclarera devant le juge avoir pratiqué au-delà de 5 000 avortements sécuritaires.
Cinq ans plus tard, faisant face à des douzaines de chefs d’accusation, Henry Morgentaler est condamné à 10 mois de prison. Alors qu’il purge sa peine à la prison de Bordeaux, il subit une légère crise cardiaque. M. Morgentaler sera de nouveau accusé d’avortement illégal en 1983. Cette fois, l’affaire se rend jusqu’en Cour suprême. Le docteur sera finalement acquitté en 1988, année où la Cour suprême du Canada proclame l’annulation de la loi sur l’avortement. Admiré par les uns, démonisé par les autres, le célèbre médecin montréalais s’éteint le 29 mai 2013 à Toronto.
Henry Morgentaler a attribué son engagement à l’égard des droits de la personne à l’influence que le General Jewish Labour Bund – un mouvement laïc et socialiste yiddish bien en vue dans la Pologne de l’avant-guerre – a exercée chez lui durant sa jeunesse. Il a longtemps été membre et président de l’Association humaniste du Canada. Il a également été nommé l’humaniste de l’année par l’American Humanist Association en 1975.
Malgré les poursuites judiciaires, les agressions et les menaces de mort, le docteur Morgentaler s’est battu toute sa vie pour défendre le droit des femmes à l’avortement.
Sources :
http://www.morgentaler25years.ca/about-henry-morgentaler/
https://www.youtube.com/watch?v=T7e0j7BFKoo
https://www.youtube.com/watch?v=QHAMael4uGY
http://o.canada.com/news/new-brunswick-pro-choice-group-raises-100000-to-save-morgentaler-clinic
http://www.ctvnews.ca/health/health-headlines/controversial-abortion-crusader-dr-henry-morgentaler-dies-at-90-1.1302143
https://www.thestar.com/news/canada/2013/05/29/henry_morgentaler_abortion_crusader_dead_at_90.html
http://news.nationalpost.com/news/canada/henry-morgentaler-hailed-as-a-true-canadian-hero-and-the-cause-of-unbelievable-damage
http://thechronicleherald.ca/canada/1131986-in-pictures-dr-henry-morgentaler-over-the-years