Lors de son inauguration en octobre 1934, peu de gens auraient pu imaginer que l’Hôpital général juif (HGJ) figurerait un jour au nombre des établissements de santé les plus importants, les plus achalandés et les plus renommés du Québec.
L’histoire de l’Hôpital remonte aux années 1880, au moment où des millions de Juifs d’Europe de l’Est et de Russie cherchant à fuir les persécutions antisémites trouvent refuge dans les grandes villes nord-américaines, incluant Montréal. Malheureusement, la discrimination religieuse est omniprésente dans le Québec de la fin du XIXe siècle, à tel point que les Juifs peinent à recevoir des soins médicaux et à trouver un emploi dans les grands hôpitaux. Ainsi, au cours des décennies qui suivent, alors que la communauté juive connaît une croissance spectaculaire, passant de 5 000 à 20 000 membres, plusieurs petites cliniques juives offrent les soins nécessaires. À la fin des années 1920, il devient toutefois évident que ces établissements aux ressources humaines et matérielles limitées ne peuvent suffire à la tâche.
En quête d’une solution, des leaders juifs montréalais mènent une étude de faisabilité et déterminent qu’une prestation adéquate de soins de santé nécessite la construction d’un hôpital général moderne. En septembre 1929, la proposition de ces visionnaires récolte une approbation unanime à l’occasion d’une réunion rassemblant 3 000 Juifs montréalais.
Ironiquement, à peine un mois plus tard, le financement du projet est sérieusement compromis par l’effondrement des marchés financiers américains et le début de la Grande Dépression. En dépit de la sombre conjoncture économique, la communauté juive montréalaise, qui peut compter sur l’appui du gouvernement du Québec, demeure déterminée à se doter de son propre hôpital. Elle verra finalement toutes les promesses de don se matérialiser, incluant celles obtenues des citoyens les plus modestes.
À l’aube des années 1930, c’est-à-dire bien avant l’ouverture de l’HGJ, les fondateurs de l’établissement conviennent d’un principe qui deviendra (et qui demeure encore aujourd’hui) l’une des pierres d’assise de l’institution montréalaise. Il est unanimement reconnu que le nouvel hôpital accueillerait des patients et des employés de toutes origines religieuses, ethniques, culturelles et linguistiques. Conséquemment, lorsque l’établissement ouvre ses portes en 1934, il compte parmi les premières institutions publiques du système de santé québécois – voire peut-être même la toute première – à adopter une politique officielle non discriminatoire. Cette philosophie exceptionnelle est mise en lumière dans plusieurs discours d’ouverture, incluant ceux du maire de Montréal Camilien Houde, du représentant du premier ministre et du gouverneur général du Canada, Lord Bessborough. Le jour de l’inauguration, le gouverneur général s’adresse à la foule en ces termes : « L’Hôpital général juif est un monument à cet esprit de charité envers vos semblables qui a toujours été la caractéristique des Juifs partout dans le monde. »
Depuis 1934, l’HGJ se montre à la hauteur de la mission déclarée par ses pères fondateurs. En effet, il intègre les plus récentes avancées technologiques à ses traitements médicaux, et son personnel fait preuve de la sensibilité et de la compassion dont les patients ont tant besoin. Au fil des décennies, l’hôpital du quartier multiethnique de Côte-des-Neiges s’est transformé en une véritable plaque tournante en matière de soins de santé. Bien que l’anglais et le français représentent les deux langues les plus couramment parlées au sein de cet hôpital officiellement bilingue, on y entend tous les ans des douzaines de langues étrangères.
En 2015, dans le cadre de la restructuration du réseau québécois de la santé, l’HGJ compte parmi les nombreux établissements de soins de santé et de services sociaux du secteur centre-ouest de la métropole, qui sont réunis pour former le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre‑Ouest-de-l’Île-de-Montréal (également connu sous le nom de CIUSSS du Centre‑Ouest-de-l’Île-de-Montréal).
Au début de 2016, l’établissement inaugure le Pavillon K, une imposante aile de soins intensifs dotée d’équipements ultramodernes. Cette étape importante marque l’aboutissement du projet d’expansion le plus important, le plus ambitieux et le plus complexe de l’histoire de l’HGJ. Le nouveau pavillon abrite maintenant le Service de l’urgence, l’Unité de soins intensifs, l’Unité néonatale de soins intensifs, l’Unité de soins coronariens, le Centre des naissances, de nouvelles salles d’opération ainsi que plusieurs autres unités et services.
Aujourd’hui, à titre d’hôpital d’enseignement de l’Université McGill, il renferme l’un des centres de cancérologie les plus réputés du Québec (le Centre du cancer Segal) de même que l’un des principaux centres de recherche médicale du Canada (l’Institut Lady Davis). Grâce à son personnel composé de plus de 5 100 cliniciens (incluant près de 700 médecins traitants et plus de 1 600 infirmières), l’HGJ gère annuellement plus de 700 000 consultations externes, plus de 84 000 visites à l’urgence et près de 12 000 interventions chirurgicales, en plus de veiller au bon déroulement d’environ 3 700 naissances. En outre, l’établissement bénéficie de l’aide de plus de 1 000 bénévoles.
Grâce à plus de 80 ans d’expérience, à des équipements de pointe et à un personnel hautement qualifié, l’Hôpital général juif joue, aujourd’hui, un rôle de premier plan dans le secteur des soins de santé au Québec.
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