À n’en pas douter, Mordecai Richler est l’écrivain le plus emblématique jamais issu de la communauté juive de Montréal.
Un « garçon de la rue Saint-Urbain » dès sa naissance, Mordecai Richler voit le jour dans une famille défavorisée du ghetto juif de Montréal, qui compte parmi ses membres son grand-père maternel, le Rabbin Yudel Rosenberg, un leader religieux et un érudit influent. Connu pour sa traduction de l’araméen à l’hébreu du Zohar, un classique de la mystique juive, celui-ci deviendra le grand rabbin des United Hebrew Orthodox Congregations of Montreal.
Le statut d’« auteur juif le plus réputé et le plus célébré de Montréal » que l’on attribuera à Mordecai Richler est ironique, étant donnée la relation tendue qu’il entretient avec la communauté juive et des portraits mordants qu’il en brosse. Dans l’ensemble de son œuvre (comportant une douzaine de romans, des scénarios et des essais), Mordecai Richler explore ce que signifie être un Juif qui grandit dans le monde étroitement tissé, isolé, souvent pauvre et majoritairement immigrant du quartier de la rue Saint-Urbain et de la Main. Dans son livre intitulé Oh Canada! Oh Quebec! (Oh Canada! Oh Québec), il s’attaque avec virulence au nationalisme canadien-français. De manière générale, ses textes, qui lui valent autant d’éloges que de critiques, fournissent une étude sans pareille de la vie au sein de la communauté juive; en ce sens, ils permettent d’observer son passé à la fois unique et dynamique.
En 1948, Mordecai Richler obtient son diplôme de la Baron Byng High School, où il est le président de sa classe, puis il abandonne les études amorcées au Sir George Williams College (aujourd’hui l’Université Concordia). Au début des années 1950, il vit en France et en Espagne durant une brève période avant de s’installer à Londres, où il demeure pendant plus de 15 ans, avant de revenir à Montréal en 1972 parce qu’il est troublé à l’idée d’« être éloigné depuis si longtemps des racines de son mécontentement ». Jusqu’à sa mort en 2001 des suites d’un cancer, Mordecai Richler habite à Montréal, où il continue d’écrire et de publier sur des sujets aussi variés que les sports, le voyage et, thème plus controversé, le séparatisme québécois.
De nos jours, Mordecai Richler survit à travers certaines œuvres de fiction très connues, en particulier The Apprenticeship of Duddy Kravitz, (L’apprentissage de Duddy Kravitz – 1959), St. Urbain’s Horseman (Le cavalier Saint-Urbain – 1971) et Barney’s Version (Le monde de Barney – 1997). L’auteur survit également à travers l’héritage de la communauté juive de Montréal, dont son œuvre et son travail ne peuvent être dissociés. Richler décrit et définit cette communauté dans le Canada et dans le monde entier et, en retour, la communauté elle-même le définit.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://www.imjm.ca/location/1126
http://www.theglobeandmail.com/news/national/mordecai-richler-gets-his-glory-montreal-renames-library-after-him/article23443003/
http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/montreal-to-honour-mordecai-richler-1.1120737