Scénariste, producteur de disques et imprésario visionnaire, Samuel Gesser a grandement contribué au développement de la scène musicale canadienne. Il a été investi de l’Ordre du Canada en reconnaissance de son apport important à la promotion des arts de la scène.
Samuel Gesser voit le jour à Montréal le 7 janvier 1930 et grandit sur le coloré Plateau-Mont-Royal. Durant sa jeunesse, il se faufile fréquemment à l’intérieur du His Majesty’s Theatre afin d’assister aux spectacles et étudier les subtilités de la scénarisation. Adulte, sa véritable vocation, imprésario, se dessine presque par hasard. En effet, lors d’un séjour à Chicago à la fin des années 1940, il achète un enregistrement Folkways du célèbre guitariste de blues Leadbelly. À l’arrière de l’album se trouve une liste d’autres enregistrements Folkways dont aucun n’était disponible au Canada, puisque cette compagnie n’a alors aucun distributeur au nord de la frontière.
Au terme d’une rencontre à New York avec le fondateur de Folkways, Moses Asch, Samuel Gesser en devient le distributeur canadien et propose de trouver et de produire de la musique folk canadienne pour cette maison de disque. De 1950 à 1964, il produit plus de 100 disques originaux pour Folkways, entre autres des chansons des Premières Nations et la musique de célèbres musiciens comme Alan Mills, Jean Carignan et Hélène Baillargeon. Samuel Gesser produit également des disques pour les étiquettes Pye, Vox et Premier, en plus de scénariser de nombreuses émissions de radio et de télévision, notamment pour CFCF et la CBC. Alors qu’il produit des disques, il acquiert la certitude que le fait de présenter des artistes devant un public constitue une excellente façon de promouvoir la musique.
En 1950, M. Gesser organise un concert de l’artiste Pete Seeger à Montréal, à la salle l’Ermitage, située sur le chemin de la Côte-des-Neiges, et voit sa carrière d’imprésario prendre son envol. Au cours des années suivantes, il propose plus de 3 000 spectacles à des publics locaux, nationaux et internationaux. Ses productions amènent de nombreux artistes à Montréal provenant de divers milieux : de la musique folk à la musique populaire, de la musique classique au jazz, de la musique internationale et de la danse aux comédies musicales de Broadway. Ravi de son succès avec Pete Seeger, il amorce une carrière qui durera plus de 50 ans et au cours de laquelle il présentera les talents canadiens et internationaux aux Montréalais. En plus de la présentation de spectacles locaux, il assure les tournées d’artistes comme Harry Belafonte, Tony Bennett et Nana Mouskouri, les amenant dans l’Ouest canadien, aux États-Unis, dans les Maritimes et dans les petites villes du Québec. Il contribue également à la formation des Feux-Follets, une troupe de danse folklorique, qui a placé le patrimoine canadien au centre de la scène artistique.
Gesser contribue également au rayonnement des arts et de la culture grâce à l’écriture. Sa pièce Fineman’s Dictionary, mettant en vedette Fyvish Finkel, est présentée en 2000 au Centre Saidye Bronfman, en plus d’une lecture publique à la Bibliothèque publique juive. Dancing to Beethoven, une pièce écrite pour et jouée par des acteurs aveugles, est présentée en 2003 à la Place des Arts. En 2006, la troupe et la pièce ont fait l’objet d’un documentaire produit par l’Office national du film.
Le dévouement de Samuel Gesser à son art inclut le don de son impressionnante collection d’albums à la Marvin Duchow Music Library de l’Université McGill. En 2005, il fait don de ses archives professionnelles aux Archives de la Bibliothèque publique juive. Celles-ci ne servent pas qu’à documenter la longue carrière et les réalisations de Samuel Gesser, elles font également partie intégrante de l’histoire de la culture et des spectacles canadiens.
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