Samy Elmaghribi était à la fois un animateur vedette de la radio au Maroc et en Algérie, un chantre à Montréal et un directeur musical en Israël.
Au sein de la communauté juive de Montréal, Salomon Amzallag était connu à la fois comme le chantre principal de la synagogue Spanish and Portuguese (1967-1984) et en tant que Samy Elmaghribi, l’interprète et auteur-compositeur de musique arabo-andalouse de renommée mondiale.
Salomon Amzallag naît à Safi, au Maroc, le 19 avril 1929. Dès sa plus tendre enfance, il cultive son talent pour la musique et le chant, d’abord à la synagogue avec son père et plus tard auprès de grands maîtres de la musique andalouse à Rabat. Sous son nom d’artiste, Samy Elmaghribi composera, entre 1950 et 1965, l’essentiel d’un répertoire populaire qui le consacrera au rang de vedette nationale au Maroc. Ce répertoire lui vaut l’admiration d’un vaste public dans toute l’Afrique du Nord. Il enregistre ses disques sous sa propre étiquette, Samyphone, et les distribue dans un magasin du même nom à Casablanca et à Paris. Samy Elmaghribi deviendra l’un des chanteurs préférés des regrettés rois du Maroc Mohammed V et Hassan II. Il composera notamment une série de chants patriotiques marocains et saluera le retour d’exil du Roi Mohammed V en 1955, avec la chanson Alef hniya ou hniya (Mille souhaits de bienvenue), qui deviendra un grand succès populaire.
Salomon Amzallag n’a jamais renoncé à sa passion première : la liturgie juive. Outre des mélodies et poèmes de tradition sépharade, il a interprété plusieurs autres genres liturgiques, notamment de styles ashkénaze et moyen-oriental. Il a mené une longue et fructueuse carrière liturgique, tant à la synagogue Spanish and Portuguese de Montréal qu’à titre de hazan et paytan invité dans diverses synagogues partout dans le monde. Il a participé à de nombreux concerts liturgiques à Montréal et a enseigné la liturgie sépharade, entre autres à la Yeshiva University à New York. Certains de ses disciples, dont son successeur, le cantor Yehuda Abittan, sont devenus les chantres de grandes synagogues au Canada, en France et en Israël. Salomon Amzallag a su harmonieusement concilier les dimensions sacrée et profane de sa carrière, et il a même écrit une chanson en réponse à ce dilemme apparent, Enghenni Ouenselli.
Sous son identité d’artiste, Samy Elmaghribi a suivi son public sur ses chemins d’exil, de Paris à Jérusalem, en passant par Montréal, New York, Los Angeles et Caracas, pour revenir au Maroc, où les jeunes le redécouvrent aujourd’hui. À Montréal, il a donné trois grands concerts au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts (1978, 1984, 2005) et un au Théâtre Outremont (2003).
En Israël, il fonde le Merkaz Piyyout Veshira, un centre de musique sépharade où il enseigne à titre de directeur pédagogique de 1988 à 1994. Pendant ces années, il dirige une chorale étudiante dans une série de concerts, où celle-ci est accompagnée par un orchestre largement constitué de musiciens russes nouvellement immigrés, qui deviendra plus tard l’Orchestre andalou d’Israël. Le 27 avril 2005, Samy Elmaghribi participe à un concert hommage à sa carrière de chanteur et de maître. L’événement souligne aussi le 10e anniversaire de l’Orchestre andalou d’Israël, à l’Opéra de Tel-Aviv.
Après son retour à Montréal en 1996, il continue de parcourir le monde et donne des importants lors du Festival de Chant Gharnati à Rabat et Oujda (1999) et du Festival arabo-andalou (Arab-Andalusian Festival) à l’UNESCO à Paris (2000). En 2006, il est l’invité de la populaire émission télévisée Shada al alhan, dont l’enregistrement deviendra viral sur YouTube.
Tout au long de sa vie, Salomon Amzallag a franchi les frontières géographiques, religieuses et culturelles pour rassembler son public diversifié autour des valeurs universelles exprimées dans son art. Juifs et musulmans l’ont acclamé comme l’un des représentants les plus talentueux de la tradition musicale arabo-andalouse.
Salomon Amzallag est décédé à Montréal le 9 mars 2008. Cette même année, son épouse Messody a reçu la médaille du mérite national décernée à titre posthume à Samy Elmaghribi par le Roi Mohammed VI. Messody Cohen-Amzallag s’est éteinte à Ashdod le 5 avril 2015. Les enfants de Samy et Messody ont créé la Fondation Samy Elmaghribi pour perpétuer les enseignements de respect de la tradition, d’ouverture aux autres et de générosité que leur ont transmis leurs parents à travers leur passion pour la musique.
Remerciement spécial à Yolande Amzallag.