La Compagnie Seagram Limitée était une entreprise spécialisée dans la production de spiritueux distillés. Au sommet de sa gloire, elle était propriétaire de la plus importante distillerie au monde.
En 1883, Joseph E. Seagram devient l’unique propriétaire de la Joseph Seagram Flour Mill and Distillery Company, qu’il renommera plus tard la Joseph E. Seagram & Sons. L’homme d’affaires devient bientôt l’un des plus gros distillateurs de whisky canadien. En 1928, son entreprise passe aux mains de la Distillers Corporation, une société fondée quatre ans plus tôt par les frères Bronfman, qui conserveront le nom Seagram. Ces derniers (dont le nom de famille signifie « marchand de spiritueux » en yiddish) sont de nouveaux joueurs dans l’industrie des spiritueux. En effet, après avoir fait fortune en Russie grâce au commerce du tabac, ils ont dû se tourner vers une nouvelle source de revenus, la culture du tabac se prêtant très mal à la rigueur du climat canadien.
Avec l’aîné des frères Bronfman (Samuel) à la barre de l’entreprise et l’entrée en vigueur de la prohibition partout sur le territoire nord-américain, Seagram devient rapidement un incontournable géant de l’industrie des spiritueux. Le manque de clarté des lois canadiennes permet aux Bronfman de maximiser les revenus de leur contrebande de boissons. Comme la vente d’alcool à des fins médicinales demeure légale pendant la prohibition, les dirigeants de la Seagram s’empressent d’ouvrir une pharmacie afin d’y écouler leur marchandise. À la même période, l’entreprise commence à faire du commerce aux États-Unis, où les lois sur la prohibition sont plus strictes qu’au Canada. Elle y distribue ses produits par la poste.
En 1933, lorsque la prohibition prend fin, les Bronfman sont fin prêts à tirer pleinement profit de l’ouverture du marché américain. De fait, ils détiennent à cette époque la plus grande réserve privée de whisky vieilli au monde. Au même moment, les frères Bronfman révolutionnent la mise en marché de l’alcool en vendant leur produit en bouteilles plutôt que dans des barils consignés. Ils remplacent du coup l’image douteuse que l’on avait associée à la consommation de whisky durant la prohibition par une nouvelle image respectable et sophistiquée. La vente de whisky en bouteille devient rapidement la norme dans l’industrie des spiritueux. À la fin de 1965, le chiffre d’affaires de Seagram dépasse le milliard de dollars. Les trois produits les en demande de l’entreprise sont le VO, le Crown Royal et le Seven Crown. Ce dernier inspirera d’ailleurs le nom du « 7 sur 7 », un cocktail immensément populaire au cours des années 1970. Au cours de la décennie suivante, une mémorable publicité télévisée mettant en vedette l’étoile montante Bruce Willis, permets à Seagram de passer du cinquième au premier rang des distilleries les plus importantes du globe, et ce, en seulement deux ans.
Appelé le « roi du whisky en Amérique », Samuel Bronfman n’est pas seulement un brillant homme d’affaires. Il s’avère également un important philanthrope et leader communautaire juif. Au cours de sa vie active, il en inspire plus d’un à soutenir Israël ainsi que l’Hôpital général juif, entre autres. De 1939 à 1961, il assume la présidence du Congrès juif canadien, qui traverse la période la plus critique de son histoire. Pendant son mandat, l’organisme devient la voix officielle de la communauté juive canadienne. Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, appuyé par le directeur général du Congrès Saul Hayes, Samuel Bronfman met sur pied un comité chargé de veiller au bien-être des réfugiés (Committee for Refugees – CJC). Souhaitant porter secours aux Juifs européens victimes du Troisième Reich, le CJC remet en cause les lois canadiennes, qui figurent au nombre des législations les plus restrictives de la planète. En 1947, après avoir essuyé plusieurs revers pendant la guerre, le comité persuade le gouvernement d’accorder l’asile à quelque 1 200 orphelins victimes de l’Allemagne nazie. M. Bronfman se charge personnellement de placer plusieurs de ces réfugiés dans sa distillerie de LaSalle.
Au cours de son histoire, Seagram a été dirigée par plusieurs membres de la famille Bronfman, incluant Charles Bronfman, Edgar Bronfman et Edgar Bronfman fils. Au fil des ans, l’entreprise a diversifié ses activités, étendant son influence dans plusieurs secteurs d’activité, dont les industries du pétrole, du charbon et du divertissement. Au cours des années 1990, Seagram se porte acquéreuse de Universal Pictures, des studios MGM (dont Edgar Bronfman est devenu président en 1969), de Time Warner et de Tropicana. En 2000, Edgar Bronfman fils conclut la vente de Seagram au conglomérat français Vivendi.
Liens :
https://en.wikipedia.org/wiki/Seagram
http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/seagram-company-limited/
http://www.theglobeandmail.com/report-on-business/careers/careers-leadership/charles-bronfman-opens-up-about-seagrams-demise-it-is-a-disaster/article10816816/?page=all
http://www.fundinguniverse.com/company-histories/the-seagram-company-ltd-history/
http://www.ft.com/cms/s/0/2cc6277a-fd5f-11df-b83c-00144feab49a.html#axzz4KRGxBtj7
http://www.imjm.ca/location/1677
http://www.cjhn.ca/en/permalink/cjhn137
http://cbhf.ca/samuel-bronfman
http://cve.grics.ca/fr/2349/3461