Rebbetsin (femme de rabbin) et immigrante russe, Taube Kaplan a joué un rôle déterminant dans la fondation du Montreal Hebrew Maternity Hospital.
Dans le Montréal des années 1910, le taux de mortalité infantile est l’un des plus élevés au monde : plus d’un enfant sur cinq meurt avant de souffler sa première bougie. La situation est encore plus désastreuse dans les quartiers défavorisés, où se sont établis les immigrants juifs. En 1914, Mme Kaplan propose de fonder une maternité qui prodiguerait des soins pré et postnataux aux jeunes femmes juives. À une période marquée par l’immigration massive de Juifs d’Europe de l’Est souvent démunis, elle veut permettre aux mères de recevoir des soins qu’elles ne pourraient s’offrir autrement. Servant des plats cachers, cette maternité est exclusivement destinée aux femmes de confession juive.
Taube Kaplan réalise un véritable tour de force qui serait presque impensable aujourd’hui. Pendant plusieurs années, elle fait du porte-à-porte pour amasser elle-même les fonds qui serviront à la construction du Montreal Hebrew Maternity Hospital. Les dons qu’elle reçoit des particuliers permettent l’achat d’un immeuble de la rue Cadieux (aujourd’hui la rue de Bullion), qui sera converti en maternité. Grâce au soutien de personnalités influentes, dont un groupe de médecins menés par le docteur J.R. Goodall, le projet se concrétise en 1916.
Taube Kaplan fait œuvre de pionnière à une époque où les soins hospitaliers juifs n’existent pas à Montréal. Ses efforts mènent à la création de l’institution qui allait, des années plus tard, devenir l’Hôpital général juif. Elle contribue également à améliorer la place des femmes juives dans la société. À une époque où les femmes en général commencent à peine à s’investir pour des causes publiques et au sein des institutions, un tel engagement est encore moins fréquent dans la communauté orthodoxe à laquelle elle appartient. Pour cette femme aux origines modestes qui enseigne l’hébreu et la religion plusieurs heures par semaine afin de rehausser le maigre revenu de la famille, il n’est pas question d’accepter des marques de reconnaissance. Elle refuse même de prêter son nom à l’une des salles de maternité du futur Hôpital général juif de Montréal.
Remerciement spécial au Musée du Montréal Juif.
Sources :
http://imjm.ca/location/2152
http://mimj.ca/location/2160
http://jgh.ca/documents/91/1_poster.pdf